Le compostage : Une solution pour réduire ses déchets
Chaque jour, nous jetons des épluchures, des restes de repas, et des feuilles mortes, souvent sans réaliser le trésor potentiel qu’ils renferment. Imaginez un instant que, plutôt que d’ajouter à la montagne croissante de déchets qui pèsent sur notre planète, ces déchets pourraient être la clé pour revitaliser nos sols, enrichir nos jardins et combattre le changement climatique. Cette alchimie est possible, et elle porte un nom : le compostage. C’est quoi exactement ? Comment ça fonctionne et pourquoi c’est bon pour la planète ? Nous allons répondre à toutes ces questions pour mieux comprendre l’utilité du compost.
Qu’est-ce que le compostage?
Le compostage, un terme que beaucoup associent simplement à des tas de débris de jardin en décomposition, mérite une attention plus minutieuse pour sa complexité biochimique et son impact écologique.
Il s’agit d’un processus biologique orchestré par une variété de micro-organismes, qui, en conditions aérobies (en présence d’oxygène), décomposent les matières organiques pour les transformer en un produit stabilisé, riche en nutriments, appelé compost.
Avec des termes un peu moins techniques et une fois correctement décomposés, le compost ressemble à une sorte de terreau contenant plein de nutriments pour vos plantations ou votre jardin. C’est probablement l’une des techniques indispensables pour tout jardinier qui se respecte, tout en permettant également de faire des économies.
La magie du compostage repose principalement sur la présence et l’activité de bactéries, champignons, actinomycètes et, dans une moindre mesure, de protozoaires et de rotifères. Ces micro-organismes décomposent les matières organiques en les consommant comme source d’énergie et de nutriments, produisant ainsi du CO2, de l’eau et de la chaleur.
Les bienfaits du compost
Outre sa capacité à améliorer la structure du sol, le compost est également un réservoir de nutriments essentiels. Il contient des macro-nutriments tels que l’azote (N), le phosphore (P) et le potassium (K), ainsi que de nombreux micro-nutriments essentiels pour la croissance des plantes.
De plus, il introduit des micro-organismes bénéfiques dans le sol, qui peuvent aider à supprimer les maladies des plantes, tout en permettant de réduire nos déchets.
Les différentes phases du compostage
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le compostage, loin d’être un simple empilement passif de matières organiques. En effet, c’est le fruit de différentes phases de décomposition bien rigoureusement orchestrées.
Il se déroule en plusieurs étapes clés, chacune caractérisée par des processus biologiques spécifiques et des conditions environnementales uniques. Pour maximiser l’efficacité du compostage et obtenir un produit final de qualité, voici les 4 étapes de vie du compost :
1. Phase de mésophilie
Au cours de cette étape initiale, les bactéries mésophiles, actives à des températures modérées (20°C à 45°C), commencent à décomposer les composés organiques simples tels que les sucres et les acides aminés.
Cette étape, bien que de courte durée, prépare le tas de compost pour la phase suivante, celle que l’on nomme thermophile. La chaleur produite par l’activité microbienne augmente progressivement la température interne du tas.
2. Phase thermophile
C’est ici que le véritable travail de décomposition a lieu. Les bactéries thermophiles, qui prospèrent à des températures élevées (45°C à 75°C), décomposent des composés plus complexes comme les protéines, les graisses et certaines formes de cellulose.
La diversité microbienne est souvent réduite à cette étape en raison des températures élevées, mais l’activité est intense. La chaleur générée à cette phase est essentielle car elle aide à éliminer les pathogènes et les graines de mauvaises herbes qui pourraient être présentes dans le tas de compost. Cela garantit un compost plus sûr et plus pur.
Si vous en avez l’occasion, n’hésitez pas à mettre un bâton au cœur du compost et vous verrez que la chaleur à l’intérieur est vraiment très élevée.
3. Phase de refroidissement
Suite à la phase thermophile, le tas de compost commence à se refroidir, permettant le retour des bactéries mésophiles. Ces micro-organismes continuent à décomposer les composés résiduels et à stabiliser le compost.
Cette phase est cruciale pour la diversité microbienne. En tant que phase intermédiaire, elle sert de pont entre l’activité thermophile intense et la maturation qui est l’étape suivante.
4. Phase de maturation
Enfin, cette dernière étape est caractérisée par une réduction de l’activité microbienne. Les bactéries, champignons et autres micro-organismes continuent de décomposer les matériaux restants, mais à un rythme beaucoup plus lent. Le compost devient alors foncé, friable et a une odeur de terre.
Le compost mature est le signe d’un écosystème équilibré, riche en humus et bénéfique pour le sol. La maturation garantit que le compost est stable et ne décomposera pas davantage lorsqu’il est appliqué au sol.
Vidéo : 4 minutes pour comprendre le compostage
Pour mieux comprendre les fondamentaux du processus de compostage, voici une courte vidéo de 4 minutes réalisée par notre confrère Pratiks.
Quels sont les déchets à mettre dans le compost ?
Le compostage, en tant que technique de valorisation des déchets, requiert une certaine attention et certains déchets sont à privilégier. Intégrer des matières organiques adaptées est crucial pour obtenir un compost équilibré, riche et efficace.
Cependant, tous les déchets organiques ne sont pas égaux en termes de compostabilité et nous allons voir ceux qui sont le plus appropriés.
A. Matières vertes : Sources d’azote
Ces matières, généralement riches en azote, sont essentielles pour nourrir les micro-organismes qui décomposent la matière organique. Dans cette famille, on retrouve notamment :
- Restes alimentaires : Les épluchures de légumes et de fruits, le marc de café, les sachets de thé, et les coquilles d’œufs (broyées) sont parmi les plus courants.
- Déchets de jardin : Les tailles de gazon fraîchement coupées, les plantes annuelles non fleuries et les mauvaises herbes sans graines sont particulièrement riches en azote.
- Déchets d’animaux : Les déjections de certains animaux herbivores, comme les lapins ou les poules, peuvent être ajoutées, bien que cela nécessite une attention particulière pour garantir une décomposition adéquate.
B. Matières brunes : Sources de carbone
Ces éléments fournissent le carbone nécessaire aux organismes du compost, facilitant ainsi la production d’énergie. Parmi eux, on trouve :
- Feuilles mortes : Elles sont une excellente source de carbone et se décomposent relativement vite.
- Branche et copeaux de bois : Bien que leur décomposition soit plus lente, ils ajoutent de la structure au compost, favorisant l’aération.
- Papier et carton non traité : Journaux, boîtes à œufs et rouleaux de papier toilette sont parmi les sources courantes de carbone.
- Paille et foin : Ils sont particulièrement efficaces pour introduire du carbone tout en maintenant la structure du tas de compost.
Au sujet des papiers et cartons, évitez tout de même les impressions qui comprennent de l’encre colorée. Ce type d’encre peut être nocif pour le compost et les bactéries.
Quels aliments ne pas mettre dans le compost ?
Après avoir vu les déchets que nous pouvions mettre dans le compost, faisons sur le point des aliments qu’il ne faut surtout pas mettre. En effet, il faut savoir que certains aliments peuvent dégrader l’état du compost et introduire des substances nuisibles ainsi que des pathogènes.
Néanmoins, pas de panique, voici les familles d’aliments et les raisons de leur exclusion du compostage domestique.
A. Viandes et poissons
La décomposition de la viande génère souvent des protéines putrides, attirant des nuisibles tels que rongeurs et insectes indésirables. De plus, la viande peut contenir des agents pathogènes qui ne sont pas toujours neutralisés par la chaleur du compost.
L’introduction de viandes peut perturber l’équilibre du compost, conduisant à des odeurs désagréables et à une augmentation du risque de contamination du sol.
B. Produits laitiers
Comme les viandes, les produits laitiers peuvent attirer des animaux nuisibles. De plus, les graisses contenues dans les produits laitiers peuvent ralentir le processus de décomposition.
La présence de produits laitiers peut entraver l’aération du compost, favorisant la croissance anaérobie de bactéries produisant des odeurs désagréables.
C. Huiles et graisses
Les huiles créent des barrières imperméables qui limitent l’oxygénation du compost, nuisant ainsi aux micro-organismes aérobies nécessaires à une décomposition efficace.
L’introduction d’huiles peut provoquer la formation de masses compactes, inhibant la décomposition et réduisant la qualité du compost fini. L’huile de friture, ou ce genre de chose est donc à proscrire.
D. Maladies des plantes
Les maladies des plantes peuvent provenir de plusieurs sources : champignons, bactéries, virus ou nématodes. Lorsqu’une plante infectée est introduite dans le compost, ces pathogènes peuvent survivre si les conditions ne sont pas optimales pour leur élimination.
En effet, tous les composts ne chauffent pas suffisamment pour tuer les pathogènes. Un compostage inadéquat, sans cycles de chauffage suffisants, peut permettre aux maladies de persister. Lors de l’utilisation du compost, si des pathogènes survivent, ils peuvent infecter les sols, les plantes et même les cultures, créant un cycle récurrent de contamination.
Pour minimiser le risque, il est conseillé de :
- Éviter de composter des plantes qui montrent des signes évidents de maladie.
- Assurer une bonne aération du compost pour favoriser la montée en température.
- Retourner régulièrement le compost pour s’assurer que toutes ses parties atteignent des températures suffisantes pour neutraliser les pathogènes.
E. Excréments d’animaux carnivores
Les animaux carnivores, tels que les chiens et les chats, peuvent héberger divers parasites, virus et bactéries. Ces organismes peuvent être transmis aux humains, posant des risques sanitaires.
En effet, si on rentre un peu plus dans le détail, les excréments peuvent contenir des agents pathogènes tels que la toxoplasmose, le ver solitaire ou d’autres parasites. Si le compost contenant ces excréments est utilisé dans un jardin potager, il existe un risque de contamination des cultures.
De plus, l’introduction de ces déchets peut favoriser la croissance de micro-organismes non désirés, potentiellement nuisibles pour le compost. Pour cela, nous vous conseillons de :
- Évitez d’ajouter des excréments d’animaux carnivores à votre compost.
- Si vous choisissez d’expérimenter avec ces déchets, assurez-vous de bien surveiller la température du compost pour s’assurer qu’elle atteint des niveaux suffisants pour tuer les pathogènes.
- Utilisez un composteur spécifiquement dédié à ces déchets pour éviter toute contamination croisée.
Impact environnemental de nos déchets
Les déchets, qui autrefois étaient facilement absorbés par les vastes ressources naturelles, sont maintenant produits à une échelle qui dépasse la capacité de la Terre à les régénérer. Afin de prendre conscience de leurs impacts, regardons en détail les effets qu’ils peuvent causer.
A. Émissions de gaz à effet de serre et réchauffement climatique
Lorsque les matières organiques, telles que les restes alimentaires, sont jetées dans des décharges, elles se décomposent en l’absence d’oxygène, un processus appelé fermentation anaérobie.
Ce processus produit du méthane (CH4), un gaz à effet de serre qui est 25 fois plus efficace pour piéger la chaleur dans l’atmosphère que le dioxyde de carbone (CO2) sur une période de 100 ans. Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), la gestion des déchets est la troisième plus grande source anthropique de méthane dans l’atmosphère.
B. Pollution des sols et de l’eau
Lorsque les déchets se décomposent, ils peuvent libérer des liquides, connus sous le nom de lixiviats. Si ces déchets contiennent des substances chimiques ou toxiques, les lixiviats peuvent transporter ces contaminants vers les nappes phréatiques. Cela compromet la pureté de l’eau souterraine, une ressource cruciale pour l’agriculture, l’industrie et la consommation humaine.
Les déchets, en particulier ceux issus de l’industrie, peuvent contenir des métaux lourds comme le plomb, le cadmium ou le mercure. Ces métaux, lorsqu’ils s’accumulent dans le sol, peuvent être absorbés par les plantes, affectant la chaîne alimentaire. De plus, ils peuvent persister dans l’environnement pendant de longues périodes, rendant la décontamination difficile.
Enfin, la présence massive de déchets peut perturber la structure du sol. Par exemple, les déchets empêchant la pénétration de l’eau peuvent causer l’érosion du sol, le rendant impropre à la végétation et dégradant ainsi l’écosystème.
C. Impact sur la biodiversité
Les décharges sauvages ou non réglementées peuvent empiéter sur les habitats naturels, déplaçant ainsi la faune locale et réduisant la diversité des espèces végétales. Cette perturbation peut avoir des effets en cascade, déséquilibrant l’ensemble de l’écosystème.
Certains animaux, attirés par les déchets, peuvent les ingérer, ce qui peut entraîner des obstructions, des intoxications ou même la mort. Cela est particulièrement visible avec les déchets plastiques dans les océans, où des créatures marines, comme les tortues et les poissons, sont victimes de la pollution plastique.
Pour aller plus loin, les déchets peuvent aussi être des vecteurs pour des organismes non natifs. Par exemple, un sol contaminé déplacé d’une région à une autre peut introduire des semences ou des insectes étrangers, perturbant ainsi la biodiversité locale.
Le compostage : Un geste écologique et durable
Par chance, et comme nous avons pu le découvrir, le compostage permet de réduire une partie de ces déchets, tout en étant bénéfique pour vos fleurs et jardins. Loin d’être une simple pratique écologique, il se présente comme un remède essentiel pour pallier aux multiples impacts de nos déchets sur l’environnement.
Pour que ce geste simple mais puissant prenne son plein essor, il est essentiel que chaque individu, chaque communauté et chaque collectivité adopte et promeuve des pratiques de compostage. Car, c’est en réconciliant nos habitudes quotidiennes avec les besoins de notre planète que nous pourrons espérer un avenir harmonieux et durable pour les générations futures. Le voyage vers un monde plus vert commence dans notre propre jardin.